LA BOMBE ATOMIQUE REND LA GUERRE TOTALE IMPOSSIBLE
 
 
 

Depuis la nuit des temps les hommes se seront toujours bataillés entre eux, les plus forts s'imposant à leurs voisins dans le but de créer un ensemble national aussi puissant que possible. Mais avec le progrès les guerres se seront faites à des échelles de plus en plus importantes. Dans la préhistoire ce fut entre tribus d'abord, chose qui se prolongea dans des contrées restées longtemps sauvages comme en Afrique noire. Puis entre cités rivales dans l'antiquité et entre États ayant des frontières délimitées du Moyen Âge au dix-neuvième siècle. Et enfin entre ensembles de pays alliés pendant les deux derniers conflits mondiaux en particulier qui furent de véritables boucheries.

 
 
 

Pourtant aussi paradoxal que cela puisse paraître globalement ce n'est pas ce qui se fait à la plus grande échelle qui est le plus coûteux en vies humaines. Le vingtième siècle aura probablement été moins meurtrier que les précédents de par la guerre parce qu'en fait ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières comme on dit. Les guerres d'antan qui se répétaient souvent ont fait sans doute davantage de victimes par rapport aux peuplements d'alors.

 
 
 

C'est une des raisons pouvant expliquer que la population n'augmenta pas plus vite que cela jusqu'au dix-neuvième siècle en Europe. Et c'était pire en Afrique noire avant la colonisation ou en Amérique du nord avant l'arrivée de l'homme blanc. Car les hommes y étaient encore à un stade proche de la préhistoire, ce qui devait rendre leurs guerres tribales encore plus meurtrières.

 
 
 

Actuellement avec l'existence de la bombe atomique la guerre a pris une toute autre tournure. Si un conflit total n'est plus possible entre ceux qui l'ont c'est parce que les coups qui peuvent se donner de part et d'autre feraient vraiment trop mal même si l'un est bien moins pourvu que l'autre, le plus fort n'ayant la victoire qu'au prix de terribles destructions. Il y faudrait un degré d'animosité entre belligérants trop vif pour qu'on puisse accepter de tels sacrifices, que ce soit au plus fort de la « guerre froide » ou par hypothèse lors des deux derniers conflits mondiaux. Et donc la bombe atomique n'a jamais servi depuis 1945.

 
 
 

Finalement si ce n'est que pour se défendre on pourrait fort bien n'avoir que du nucléaire, l'armement conventionnel n'ayant plus d'utilité qu'entre ceux encore dépourvus de la bombe atomique. Mais chez ceux qui en sont possesseurs c'est du luxe en quelque sorte de pouvoir se battre le cas échéant sans s'en servir et par-dessus le marché, rien que pour des interventions à l'extérieur d'ailleurs.

 
 
 

Sur un plan fondamental d'ailleurs cette bombe est une arme de dictateur car on ne peut pas avoir le temps de débattre de son usage s'il faut riposter à une attaque avec des têtes nucléaires par exemple. La décision de s'en servir alors ne peut appartenir qu'à un seul homme, lequel devrait être normalement celui qui a le plus d'autorité dans le pays.

 
 
 

Ce qui pourrait y faire exception ce serait la bombe nucléaire miniaturisée, une arme de terrain s'apparentant aux explosifs conventionnels les plus puissants mais avec la radioactivité en plus. Interrogé sur le sujet quand il était encore à l'Élysée Jacques Chirac la jugeait « très dangereuse ». Mais s'il la rejetait ainsi c'était peut-être aussi parce qu'il savait n'être pas le seul à pouvoir s'en servir comme pour ce qui est de la force de frappe.

 
 
 

C'est d'ailleurs un peu le même problème pour les mines antipersonnel, forme de dissuasion comme la bombe atomique en quelque sorte, mais moins chère. Normalement elles sont placées avec les mines antichars pour faire un barrage complet à la fois contre les tanks et les fantassins qui les suivent. Si on les met ainsi à des frontières elles peuvent être efficaces et sans faire de victimes, tant qu'on ne les franchira pas tout au moins.

 
 
 

Dans ces cas-là il ne devrait pas être interdit de s'en servir comme cela se fit à Ottawa mais sans la signature des pays les plus importants : États-Unis, Chine, Russie et Inde en particulier, parce que pour eux cela ne se justifiait pas. Mais dans la mesure où on en connaît bien l'implantation les mines ne sont pas plus mauvaises que n'importe quels autres types d'armes finalement.

 
 
 

Ce qui est dangereux par contre surtout pour les civils c'est que n'importe qui en mette n'importe où, en faisant un mode de « pollution » bien pire que de ce qu'il peut en être des déchets domestiques, industriels ou nucléaires. Cela fait davantage d'handicapées que venant de la bombe atomique quand on s'en est servi. Il n'aurait donc fallu interdire que cette façon de poser les mines comme le font des guérilleros tels que les khmers rouges au Cambodge par exemple.

 
 
 

Si on procède ainsi par endroits c'est également pour empêcher les paysans de cultiver. Ce qui, en plus que du soin à apporter aux blessés, affaiblit l'économie d'un pays dont on veut faire tomber le régime. C'est tout ce qu'il y a de pire. Et puis être infirme est d'autant plus pénible que la pauvreté règne aux alentours.

 
 
 

Les mines antipersonnel ne devraient donc être interdites qu'à ceux ne faisant pas partie d'une armée régulière avec pour seule sanction d'aider à enlever de tels engins erratiques. Néanmoins l'idéal ce serait quand même d'avoir plutôt des robots pour cela ou des engins pilotés disposant de protections adéquates.

 
 
 

Enfin tout ceci peut paraître un peu dérisoire par rapport à la bombe atomique. En l'occurrence on devrait s'entendre sur un plafond à ne pas dépasser qui soit suffisant pour pouvoir infliger des pertes insupportables à tout adversaire.

 
 
 

Par exemple on pourrait se contenter d'avoir en permanence deux sous-marins aux antipodes l'un de l'autre et dont les têtes nucléaires porteraient à dix mille kilomètres. C'est le quart de la circonférence de la Terre. Cela permettrait d'en toucher instantanément n'importe quel point et d'être parfaitement dissuasif à tout moment. Bien entendu quand un sous-marin entrerait à sa base il devrait déjà avoir été remplacé pour une continuité parfaite de la dissuasion, comme il se fait déjà d'ailleurs. Et la paix serait définitivement assurée de la sorte entre pays ainsi fournis.

 
 
 

Néanmoins il faut bien dire que ce type d'armement est une perte sèche car sa plus grande utilité justement ce serait de ne pas avoir à s'en servir. C'est donc un gaspillage à réduire le plus possible par souci d'économie surtout pour une nation de taille moyenne comme la France. Mais de ce fait il en découlera pour l'essentiel l'application d'un vieux rêve, celui de la « paix universelle », tout au moins entre les puissances assez développées pour avoir la bombe atomique.

 
 
 

Quant au désarmement, le seul valable c'est l'arrêt de la mise au point dans le plus grand secret d'armes nouvelles bien plus que le simple démantèlement de celles existantes déjà connues de tous et qui coûterait très cher. Par exemple l'idée du « bouclier antimissile » resté heureusement à l'état de projet de par son coût prohibitif même pour la première puissance économique mondiale que sont les États-Unis d'Amérique, et qui ne s'envisage que pour contrer des pays n'ayant pas beaucoup de fusées de toutes façons. Et du coup les plus grandes puissances n'ont jamais qu'une force de dissuasion comparable aux moyennes, quelle que soit leur degré de supériorité en matière d'armement nucléaire.

 
 
 

Il y a quand même comme une absurdité à dépenser autant pour des pays tels que le Royaume-Uni ou la France, avec quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins chacun, tandis que l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Japon, etc. n'ont rien de tout cela, pour des raisons consécutives à la deuxième guerre mondiale essentiellement. Pour autant seraient-ils moins en sécurité que nous ?

 
 
 

Durant la guerre froide ils étaient sous le « parapluie nucléaire » américain. Et depuis ils se contentent de penser qu'en principe nul ne cherche à les dominer militairement parmi ceux qui ont la bombe atomique. Mais pour nous autre ça fait tout de même un peu cher de se la payer. Et avec un droit de veto à l'ONU par-dessus le marché, étant dans le camp des vainqueurs en 1945.

 
 
 
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