COMMENT DEVRAIT ÊTRE CRÉÉ LE POUVOIR EXÉCUTIF
 
 
 

L'élection en France du chef de l'État au suffrage universel direct remonte aux débuts de la Cinquième République. C'est le général De Gaulle qui l'avait voulu et entériné par référendum en 1962. Mais dès sa première application en 1965 on vit apparaître des candidats n'ayant pas grand intérêt. Ils ne représentaient qu'eux-mêmes en quelque sorte. Et cette tendance à la prolifération n'aura fait que croître et embellir au fil des élections présidentielles qui suivirent.

 
 
 

C'est surtout en 2002 qu'on aura atteint des sommets en la matière avec seize postulants. La règle voulant alors que seuls les deux candidats ayant obtenu le plus de voix au premier tour soient présents au second, la confrontation finale n'eut pas lieu entre celui de droite et celui de gauche comme d'habitude car ce dernier n'était arrivé que troisième devancé par celui d'extrême droite qui lui avait pris la place.

 
 
 

Mais la différence entre les deux était de moins de 200 000 voix sur 28 millions et demi de suffrages exprimés. De toute évidence il aurait fallu alors faire une triangulaire pour obtenir autre chose qu'un tel face-à-face sans grand intérêt. Parce que d'une part le postulant de gauche arrivé troisième devançait quand même le quatrième de très loin. Et de l'autre sa réserve de voix chez les autres candidats proches de lui d'un point de vue idéologique était très importante vu leur nombre. Elle l'aurait mis sûrement devant ce leader d'extrême droite pour une triangulaire s'il y en avait eue, ce qui aurait permis au final l'affrontement traditionnel entre le représentant de la droite et celui de la gauche.

 
 
 

Au vu de cet exemple un changement serait donc souhaitable dans le système. D'autant plus qu'à toutes les élections présidentielles de 1965 à 2002 il y aura toujours eu comme un peloton de tête de trois à quatre candidats qui faisaient si nettement plus de 10 % au premier tour par rapport aux exprimés qu'ils les dépassaient aussi par rapport aux inscrits, loin devant tous les autres et ce le plus naturellement qui soit. Sept élections se seront passées ainsi. Il aura fallu attendre la huitième en 2007 pour y voir une exception, celui arrivé quatrième dépassant de si peu les 10 % des exprimés qu'il fit moins en pourcentage par rapport aux inscrits.

 
 
 

On pourrait donc faire concourir entre eux au second tour sous la forme de ce qui serait généralement une triangulaire ou une quadrangulaire les postulants situés dans ce « peloton de tête » des candidats forts que pratiquement toutes les élections passés mirent en évidence. Il faudrait pour cela dépasser la barre des 10 % des exprimés (ou des inscrits si on préfère). Et ensuite il y aurait un troisième tour pour les deux premiers si on ne voulait avoir au final qu'un face-à-face direct. À moins que par économie on se contente de la majorité relative au deuxième tour comme pour les législatives actuellement, ce qui serait alors mettre les présidentielles au même niveau soit dit en passant.

 
 
 

Ceci dit on pourrait envisager quelque chose de complètement différent pour la création du pouvoir exécutif. Pour l'instant il n'est jamais qu'une émanation du Parlement dans presque toutes les démocraties exception faite des États-Unis d'Amérique, notable tout de même puisqu'il s'agit pratiquement de la première puissance mondiale à bien des points de vue, la preuve qu'on pourrait très bien faire autrement pour choisir son dirigeant.

 
 
 

Et ceci devrait pouvoir se faire pour tout ensemble administratif d'une certaine dimension à partir d'une grande ville d'au moins 100 000 habitants. Au-dessus ce serait faisable aussi pour une région telle que l'Aquitaine, un pays comme la France ou une fédération telle que l'Union Européenne. Finalement on pourrait l'appliquer au monde entier si on en arrivait à une véritable symbiose entre les nations qui à présent ne parait pas devoir s'envisager. Pour l'instant on va voir comment cela se passerait à l'échelon national.

 
 
 

On a vu que les élections présidentielles de la Cinquième République montrent une tendance dans le corps électoral à privilégier un petit groupe de candidats mis loin devant les autres en dépassant les 10 % des suffrages. Il semble alors évident que ce pourcentage devrait être regardé comme un critère significatif, celui du strict minimum à peser électoralement parlant pour se présenter avec des chances d'être élu. En fait il n'y a que sur cette base qu'on devrait pouvoir réglementairement faire acte de candidature.

 
 
 

Or cela pourrait se voir par les élections législatives qui auraient précédé juste avant pour une Assemblée créée à la proportionnelle intégrale comme il serait souhaitable de le faire. Il suffirait alors de dire que ne pourrait se présenter à une élection présidentielle qu'un des leaders d'une formation ayant obtenu au moins 10 % à l'élection législative ayant précédé. En se basant là-dessus il n'y aurait plus une pléthore de prétendants puisqu'ils seraient forcément limités à neuf, un chiffre qui devrait être suffisant pour avoir un choix raisonnable entre des candidats « sérieux » parce que susceptibles éventuellement d'être élus.

 
 
 

Maintenant il se pourrait que moins de deux partis dépassent les 10 % à cause de l'émiettement pouvant résulter de la proportionnelle. Auquel cas on devrait prendre un candidat issu des deux plus forts, voire davantage afin d'avoir un représentant de deux formations au minimum qui soient de part et d'autre du clivage traditionnel « droite gauche ».

 
 
 

Essayons d'imaginer ce qu'en appliquant cette règle des 10 % rétroactivement aux élections présidentielles de 2002 cela aurait pu donner. Les législatives ne se font pas à la proportionnelle sous la Cinquième République bien sûr. Mais ce que chacun avait obtenu alors est une indication de ce qu'un éventuel parti qui lui correspondrait aurait pu avoir fait en fonctionnant de cette façon. On aurait pu alors avoir six candidats représentatifs d'une fraction du corps électoral qui soit supérieure à 10 % d'après les résultats obtenus.

 
 
 

À l'extrême gauche se serait trouvée mettons Arlette Laguiller, représentante d'une hypothétique formation ayant fait 10,43 %, total du pourcentage qu'elle avait eu cumulé avec celui d'Olivier Besancenot et de Daniel Gluckstein, deux candidats de tendance proche ayant eu moins qu'elle.

 
 
 

Le représentant d'un éventuel parti de gauche ou centre-gauche qui aurait pu avoir fait 16,26 % eut été Jean-Pierre Chevènement d'après son pourcentage cumulé avec celui de Noël Mamère, Robert Hue et Christiane Taubira, candidats ayant eu moins tout en étant membres comme lui de la « gauche plurielle ».

 
 
 

Après on aurait eu Lionel Jospin théoriquement leader d'une formation plus ou moins à gauche que la précédente comme on voudra et d'un poids électoral de 16,18 % d'après ce qu'il avait obtenu. Ensuite cela aurait été Jacques Chirac en tant que candidat d'un parti de droite ou centre droit ayant fait 19,88 % selon les mêmes critères de législatives ayant eu lieu à la proportionnelle.

 
 
 

À coté se fut trouvé François Bayrou, candidat d'une éventuelle formation plus ou moins à droite que celle de Chirac et d'un poids électoral de 13,82 % de par son pourcentage cumulé avec celui de ceux arrivés derrière lui et de tendance proche à savoir Alain Madelin, Corinne Lepage et Christine Boutin. Enfin Jean-Marie Le Pen, représentant d'un parti d'extrême droite ayant fait 16,86 % à lui tout seul et donc sans même avoir à tenir compte des 2,34 % de Bruno Mégret proche de lui en tendance.

 
 
 

Comme lui et d'autres déjà cités Jean Saint-Josse n'aurait pas pu concourir car les 4,23 % de sa formation, a priori hors des clivages politiques à l'époque, ne suffisaient pas pour qu'il puisse se présenter. Tout ceci suppose qu'il n'y aurait pas eu de sortant, car ils étaient deux en fait mais diamétralement opposés en tendance puisqu'on était en cohabitation.

 
 
 

Voyons maintenant quelles devraient être les autres conditions à remplir pour pouvoir se présenter à des élections présidentielles. Comme aux législatives la personnalité faisant acte de candidature aurait dû être le fruit d'un parrainage populaire. Entre deux élections tout électeur majeur et capable de se déplacer par ses propres moyens pourrait aller à la mairie de son lieu de domicile pour parrainer un leader politique et un seul membre de la formation que l'électeur aurait déjà parrainée, les deux parrainages pouvant très bien se faire en même temps d'ailleurs.

 
 
 

Il s'agirait donc d'un papier mis sous enveloppe signée qu'on placerait dans un coffre. On pourrait changer d'avis éventuellement en la reprenant, la signature permettant de reconnaître le parrain car cela n'aurait pas l'anonymat du vote. Ceci serait faisable jusqu'à une date limite qui serait mettons le 31 décembre à minuit pour une élection devant se dérouler au début de l'année suivante.

 
 
 

Après quoi on ouvrirait toutes les enveloppes et un total serait fait par candidat au niveau national. Celui qui aurait eu le plus dans son parti pourrait postuler à la condition que ce dernier ait un « poids électoral » supérieur à 10 %. Si cela dépassait les 20 % il présenterait deux candidats, trois avec plus de 30 %, etc. les deux ou trois premiers ayant eu le plus de parrains en fait. Bien entendu si celui qui en avait le plus n'était pas intéressé on solliciterait celui venant juste après dans l'ordre du parrainage.

 
 
 

Pour devenir chef d'un Exécutif il faudrait déjà avoir été élu autrement que ce soit comme dirigeant à un niveau inférieur ou comme député à l'Assemblée qui vote les lois. Et on devrait se présenter avec un programme mais aussi l'équipe chargée de l'appliquer dont chaque membre devrait d'ailleurs également avoir déjà été élu. Une hiérarchie devrait y être faite pour qu'en cas de disparition du leader en cours de mandat le second prenne aussitôt sa place, entraînant alors un décalage dans le classement. Pour autant nul ne changerait de poste. Ayant le titre de ministre chacun aurait un « secrétaire d'État » pour le seconder qui serait prêt à le remplacer au pied levé à tout moment.

 
 
 

Comme pour les députés le mandat du chef de l'Exécutif aurait une durée d'un an ce qui serait à un rythme naturel et devrait être assez long pour permettre d'entreprendre tout en n'ayant pas le temps de trop se démarquer par rapport aux fluctuations de l'opinion publique. Mais cela devrait pouvoir se reconduire indéfiniment par contre tant que l'intéressé aurait ce qu'il faut de popularité et qu'il voudrait continuer. Et sauf cas de force majeur on ne devrait pas changer de ministre en cours d'année de mandat, son renouvellement étant justement l'occasion de remanier le cas échéant son équipe dont la nouvelle composition serait d'ailleurs un des arguments de la campagne électorale.

 
 
 

La façon dont l'élu serait choisi ferait à la fois office de « primaire » dans une formation qui présenterait plusieurs candidats (parce que dépassant les 20 %) et de « deuxième tour » comme pour les actuelles élections présidentielles. En réalité il se ferait autant de tours de scrutins que de candidats moins un mais d'une manière entièrement automatique. Quant au bulletin de vote il serait en deux parties. On demanderait d'abord si on ne veut plus du sortant. Ensuite se présenterait une liste de noms et une grille permettant de faire un classement de préférence des autres candidats pouvant prendre sa place.

 
 
 
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