LE NUCLÉAIRE EXISTE POUR L'INSTANT EN ATTENDANT MIEUX
 
 
 

Le nucléaire civil est un domaine où il serait difficile de faire davantage que ce qui se fait déjà car dès le début on a été conscient de sa dangerosité, amenant aussitôt à prendre de multiples précautions. Et c'est justement parce que c'est périlleux qu'il n'y a pas beaucoup de victimes, paradoxe existant dans d'autres domaines d'ailleurs comme l'avion de ligne où la conscience du danger est tout autant aiguisée. Il est plus risqué de se déplacer en voiture que de côtoyer une centrale nucléaire car on ne porte pas alors autant de soin à sa propre sécurité. Il n'en reste pas moins que le nucléaire civil inquiète certains à cause du risque de ne plus pouvoir être maître du fonctionnement d'un réacteur. Et aussi parce que les déchets qui en résultent ne cessent de s'accumuler.

 
 
 

Sur le premier point, depuis que l'homme se sert du nucléaire c'est arrivé le 26 avril 1986 en effet avec le quatrième de la centrale de Tchernobyl. Mais si cela se produisit c'est parce qu'on fit preuve alors de la plus grande irresponsabilité en décidant de déconnecter les systèmes de sécurité pour arriver à réaliser une expérimentation déjà vue comme dangereuse, mais à laquelle le gouvernement soviétique de l'époque tenait beaucoup pour des questions de rentabilité. De ce fait c'était un peu comme de rouler avec une voiture sans freins. Néanmoins la catastrophe en résultant aura eue le mérite de servir un peu de leçon au vu des conséquences désastreuses qui en découlent toujours, car depuis le terrain est devenu inhabitable dans un rayon de trente kilomètres autour de la centrale.

 
 
 

Il est vrai que la dégradation d'un réacteur peut avoir des causes accidentelles comme ce qui c'est produit au japon après un tsunami consécutif à un très fort tremblement de terre. Mais dire qu'il faille abandonner le nucléaire pour autant c'est un peu comme de décider de ne plus faire voler d'avions de ligne après un crash comme celui où 228 personnes disparurent entre Rio de Janeiro et Paris début juin 2009. En l'occurrence on se sera juste contenté d'apporter quelques modifications sur ce que l'on supposait être la cause de l'accident, sans aucune certitude puisqu'on n'avait pas encore retrouvées les boites noires. Mais on n'a pas fermé la ligne pour autant et les gens ont continué à prendre l'avion.

 
 
 

Aussi peut-on se demander pourquoi n'est-ce pas pareil pour le nucléaire. Dans un cas comme dans l'autre il faut tirer les leçons de ce qui n'a pas bien marché pour que ça ne se reproduise pas, un point c'est tout. À Fukushima le problème fut l'inondation de la centrale. Mais peut-être alors faudrait-il voir comment on procède dans un sous-marin propulsé par un réacteur nucléaire, plus petit que ce qui se fait à terre sans doute, mais selon les mêmes principes fondamentaux dans l'utilisation de l'eau, pour ce qui est du refroidissement en particulier.

 
 
 

Bien sûr un accident nucléaire est lourd de conséquences sur le long terme, de par la radioactivité diffusée dans l'environnement surtout. Raison de plus pour faire en sorte qu'on n'en n'ait pas grâce à des systèmes de sécurité redondants et indépendants les uns des autres. C'est comme pour l'armement atomique en fait : on ne devrait jamais avoir à s'en servir !

 
 
 

S'inspirant du système de « l'homme mort » pour les trains, l'idéal serait peut-être de programmer l'arrêt total du réacteur - refroidissement compris - faute d'une intervention humaine devant revenir à intervalles réguliers et destinée à prolonger son fonctionnement. Ce qui pourrait se faire avec entrée d'un mot de passe différent à chaque fois et en provenance de plusieurs personnes pour un maximum de sécurité. Enfin bref, plutôt que de voir comme une vision d'avenir la suppression des centrales nucléaires, on pourrait se contenter de les rendre simplement plus sures.

 
 
 

Reste le problème des déchets qui est la bête noire des antinucléaires même si les utilisateurs s'efforcent de le traiter avec le plus grand soin, dans la façon de les emballer d'abord. Les plus nocifs sont inclus dans du verre et mis dans une superposition de containers en acier et en béton. C'est d'ailleurs un cas unique où le contenant fait bien plus que le contenu en poids et en volume. Quant aux lieux de stockage, dans l'immédiat ils n'ont pas tellement d'importance dans la mesure où les emballages ont été fait convenablement comme il est permis de le supposer, conscient que l'on est de la dangerosité du produit.

 
 
 

Mais il est vrai que le problème continuera de se poser à l'avenir tant qu'on ne saura pas comment s'en débarrasser. Les déchets ne peuvent que s'accumuler par l'utilisation du nucléaire civil certes. Mais il faut bien dire que celle-ci n'est possible que grâce à l'uranium qui est un matériau rare et dont l'usage devrait donc être forcément limité dans le temps comme pour les énergies fossiles. En attendant et faute de mieux pour le moins on devrait toujours être capable de reconstituer des emballages dégradés au fur et à mesure.

 
 
 

La meilleure solution serait d'envoyer ces déchets dans le Soleil bien sûr, mais ce n'est pas faisable pour l'instant. D'abord à cause de ce que coûterait l'envoi d'une fusée qui devrait donc commencer par échapper à l'attraction terrestre. Ensuite et surtout parce qu'on ne pourrait jamais être sûr qu'elle ne fasse pas long feu et finisse par retomber sur Terre, rendant alors le remède pire que le mal avec le probable éclatement des emballages s'écrasant au sol.

 
 
 

Maintenant sachant qu'autour de la centrale de Tchernobyl le terrain est irradié pour des millénaires, on peut toujours en profiter pour y mettre des déchets en attendant de les enterrer soigneusement dans des tunnels aménagés pour cela. Car le réacteur détruit en est bien déjà un laissé sur place et on se contente de le confiner au mieux depuis l'accident faute d'une meilleure solution. Et s'il est vrai que les déchets nucléaires français sur un demi-siècle tiendraient dans une piscine olympique, ceux du monde entier pourraient très largement loger pour l'instant dans cette zone irradiée de trente kilomètres autour de la centrale.

 
 
 

Évidemment il faudrait quand même bien les surveiller pour que des terroristes ne puissent pas en faire des bombes « sales » en dispersant du plutonium par exemple, matériau n'existant pas à l'état naturel dont un milligramme suffirait pour tuer un homme. Ce qui est le plus à craindre dans le nucléaire est encore la malveillance, son usage civil pouvant rejoindre alors le coté militaire initial. Des scientifiques pourraient être appâtés par le gain et diffuser leur savoir en permettant à des gens sans scrupule d'avoir la bombe atomique. Par exemple des fanatiques kamikazes ainsi munis pourraient faire bien plus de victimes à New York que le 11 septembre 2001.

 
 
 

Le nucléaire n'est pas plus dangereux qu'autre chose à condition de prendre les précautions qu'il faut pour. En France on avait dès le départ bien conscience du risque couru puisqu'on était les plus espionnés par l'Union Soviétique du temps de la guerre froide. Et nous sommes actuellement le pays d'Europe qui nous en servons le plus pour faire de l'électricité, ce qui est tout de même mieux que de brûler du pétrole, du gaz ou du charbon. Il n'en reste pas moins qu'on est dans du provisoire, l'uranium qui en est le minerai de base étant rare dans la nature. Et que donc il conviendrait de travailler aussi à faire autrement si possible.

 
 
 

Mais pour produire l'équivalent en électricité d'un réacteur nucléaire il faudrait des milliers d'éoliennes ou des kilomètres carrés de panneaux solaires avec des cellules photovoltaïques considérés comme les meilleures sources d'« énergies renouvelables ». Tout ceci risque donc fort d'être aussi coûteux sinon plus que de construire des centrales. Les éoliennes doivent être fabriquées et installées, ce qui déjà est polluant. En plus elles sont bruyantes et par trop voyantes pour certains. À moins de les mettre en mer ce qui en rend alors l'implantation deux fois plus chère. Et le rendement est très variable d'une éolienne à sa voisine.

 
 
 

Quant aux cellules photovoltaïques, pour être utilisées à grande échelle car les toits des maisons ne représentent pas grand-chose, elles doivent empiéter sur les terrains cultivables et les forêts. L'énergie ainsi récupérée est de l'ordre de 15 % du rayonnement solaire. Et au bout de 40 ou 50 ans il faut les remplacer. Il ne sera donc pas aussi facile que cela de satisfaire la totalité des besoins en électricité de l'humanité en se passant des énergies fossiles et du nucléaire.

 
 
 

Néanmoins il est permis de croire qu'on arrivera à récupérer au plus près cette énergie inépuisable envoyée si généreusement par le Soleil. Elle fait croître les végétaux sur la Terre et se former les nuages par évaporation de l'eau de mer. Mais dans les déserts elle se gaspille en pure perte alors que c'est justement là que la luminosité est la plus forte. Ce serait donc l'endroit idéal pour mettre de quoi faire de l'électricité, et sans déranger personne sous quelque forme que ce soit du simple fait qu'un désert est naturellement inhabité.

 
 
 

Cela pourrait se faire par des cellules photovoltaïques. Ou mieux encore peut-être par des miroirs concaves « en continu » qui concentreraient les rayons du Soleil vers un tube contenant de l'huile qu'on amènerait ainsi à la température nécessaire pour avoir de la vapeur d'eau faisant tourner des alternateurs. Et là une petite partie de la surface des déserts existants suffirait pour satisfaire les besoins en électricité de toute l'humanité sur une durée pratiquement illimitée.

 
 
 

Il faudrait donc profiter à présent des réserves encore disponibles en énergies fossiles et en uranium pour changer progressivement de méthode et mettre au point des machines n'ayant comme source de fonctionnement que le Soleil. Ce serait faisable en décomposant l'eau de mer le jour par électrolyse, donnant de l'hydrogène qui brûlerait après en continu et sans faire de gaz à effet de serre pour produire de l'électricité par la chaleur dégagée vaporisant de l'eau. Et en plus peut-être même serait-il possible d'utiliser le moteur à hydrogène dont il est permis d'espérer un jour le développement pour un usage à grande échelle.

 
 
 

On approvisionnerait en électricité par câbles tous les appareils qui ne sont pas autonomes (trains, machines-outils, etc.) Quant aux autres ils marcheraient à l'hydrogène, ou avec des batteries rechargeables, lesquelles ont tout de même l'inconvénient d'être toxiques lorsqu'elles sont hors d'usage. Et c'est ainsi que théoriquement on devrait pouvoir satisfaire avec un minimum de risques tous les besoins en énergie de l'humanité, et pratiquement à perpétuité.

 
 
 

Mais tout ceci est quand même une vision des choses à long terme. Ce ne sera pas faisable assez vite pour suffire dans un monde où les besoins en électricité nécessaire au développement n'ont de cesse de s'accroître, ne fut-ce que pour de nouvelles lignes de chemin de fer (trains, métros, tunnels ferroviaires, etc.). C'est pourquoi on aura eue la réaction très logique d'avoir recours au nucléaire au cours de la seconde moitié du vingtième siècle dans la plupart des pays à la pointe de l'industrialisation. Et c'est en France qu'en la matière on en aura fait le plus par rapport à son importance sur le plan international.

 
 
 

Mais si, comme il semblerait parfois, le nucléaire devait perdre de son intérêt à cause des risques possibles au point qu'on s'en débarrasse totalement dans les années à venir, cela aurait surtout comme conséquence de devoir le remplacer par du pétrole, du gaz et du charbon pour satisfaire à la demande mondiale en électricité, les énergies renouvelables seules ne pouvant compenser le manque correspondant au nucléaire dans l'immédiat. Ce qui ne ferait donc qu'aggraver le problème du réchauffement de la planète par une plus grande production de gaz à effet de serre. Et ce malgré des efforts faits pour économiser l'électricité. Comme par exemple de n'allumer un lampadaire la nuit que lorsque le passage d'une personne est détecté par un œil électronique... Et de l'éteindre après.

 
 
 
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