L'INACTIVITÉ DOIT MOINS À LA DÉMOGRAPHIE QU'AU CHÔMAGE
 
 
 

Aujourd'hui dans les pays développés les gouvernements poussent à ce que les gens partent en retraite le plus tard possible avec pour motivation principale la situation démographique de l'Europe en général et de la France en particulier. D'un coté l'espérance de vie ne cesse de s'accroître avec les progrès en matière d'hygiène et surtout de médecine tandis que de l'autre la natalité ne suffit plus au maintien des générations. D'où la constante augmentation de gens devenus trop âgés pour être productifs alors que les nouveaux travailleurs, facteurs de richesse eux, sont proportionnellement en diminution. Et donc avec le temps ce sera moins à donner pour un plus grand nombre de bénéficiaires.

 
 
 

Mais si le rapport entre actifs et retraités évolue ainsi en faveur de ces derniers la baisse de la natalité n'est pas en cause tant que cela. D'abord parce que ses effets ne peuvent se faire sentir qu'au terme d'une génération. Et ensuite parce qu'elle sévit plus qu'en France dans des pays lui envoyant des travailleurs dans certains domaines où il en manque (médecine, informatique, etc.) comme c'est le cas en particulier de l'Espagne ou de la Roumanie.

 
 
 

Et l'accroissement de l'espérance de vie, qui est progressif et devrait plafonner un jour ou l'autre de toutes façons, n'est pas non plus le principal facteur dans cette répartition entre travailleurs et inactifs. En fait ce qui a surtout conduit à cette situation c'est un accroissement rapide du nombre de chômeurs après les années soixante quand le nombre tournait autour des 300 000 en France. Mais après il a décuplé en l'espace de deux à trois décennies. À présent on en serait autour de deux millions et demi officiellement répertoriés. Mais pour ce qui est des inactifs en général, inscrits au chômage ou non, c'est sûrement davantage.

 
 
 

Et c'est quelque chose que pratiquement tous les pays développés ont connu à des degrés divers en même temps que nous. À cela diverses explications furent données. Dans les années soixante-dix on incrimina le « choc pétrolier ». Mais les choses se prolongeant après on voit bien que ce sont pour d'autres raisons. En fait c'est d'abord consécutif au développement des techniques modernes où informatique et robotisation permettent d'en faire plus et mieux avec moins de gens. S'y ajoute le moindre coût de la main-d'œuvre par rapport à la nôtre des pays émergents et très peuplés comme la Chine et l'Inde.

 
 
 

Dans la France des années soixante il y avait le « plein emploi ». Mais le travail était bien moins compliqué qu'à présent où le bagage intellectuel du travailleur démultiplie sa productivité ce qui permet d'avoir jusqu'au dixième de l'effectif nécessaire auparavant pour un résultat équivalent. Le fond du problème dans les pays développés en général et en France en particulier c'est qu'il n'y a pas assez de travail pour occuper tous ceux qui auraient l'aptitude à être actifs de par leur savoir et leur condition physique. Parler de plein emploi à présent est utopique. Mais c'est quand même d'abord sur la diminution du chômage qu'il y aurait un effort à faire pour que plus de gens cotisent en faveur des retraités.

 
 
 

Donner de l'argent à quelqu'un qui ne rapporte plus alors qu'il pourrait encore être efficace est vu comme un gâchis d'autant moins supportable que cela peut durer longtemps. Mais en continuant à travailler âgé on touchera quand même davantage alors que la richesse induite par le labeur sera forcément inférieure par rapport à ce dont on était capable plus jeune avec une expérience presque aussi bonne en fait. Ne vaudrait-il pas mieux alors du point de vue économique laisser la place à un autre dont la moindre expérience se compensera par plus de dynamisme et qui finira bien à terme par en savoir autant ? En faisant ainsi on aurait donc un chômeur de moins contre un retraité de plus.

 
 
 

Le salaire donné au travailleur n'est qu'en partie de la richesse en sous-produit de son labeur qui est variable de l'un à l'autre en fonction d'un certain nombre de paramètres parmi lesquels l'âge bien sûr. D'un coté il y a la vivacité d'autant plus forte qu'on est jeune et en bonne santé. Et de l'autre l'expérience qui joue plus ou moins suivant le domaine d'évolution. Pour un conducteur de machine par exemple la formation n'est pas très longue et l'expérience plafonne vite.

 
 
 

Le maximum d'efficacité est à l'intersection de deux courbes : celle de la forme physique qui est au mieux vers l'âge de vingt-cinq ans environ puis retombe et celle de l'expérience qui ne peut qu'augmenter en principe mais le cas échéant stagner aussi à un moment donné. C'est alors le « top niveau » pour le travail qui, comme pour le sport, ne peut pas durer très longtemps. Et à ce moment-là tout le monde devrait être actif afin d'utiliser au mieux cette source d'énergie qu'est l'homme, la principale richesse d'une société finalement.

 
 
 

Humainement parlant l'inégalité la plus criante est surtout entre celui qui peut jouir du fruit de son travail et l'inactif n'ayant que d'hypothétiques allocations pour satisfaire à ses besoins les plus élémentaires. Pour lui le problème est à la fois matériel et psychologique car en plus il a l'impression d'être inutile s'il se sent capable de travailler et qu'il ne le peut pas.

 
 
 

Quand cela concerne quelqu'un d'âge mûr mais pas assez vieux ou n'ayant pas les annuités qu'il faut pour partir en retraite il y a équivalence grossière entre l'allocation de chômage qu'on touche d'avoir perdu son emploi et la pension de retraite en ayant assez travaillé pour cela, bien que ce ne soit pas pareil parce que c'est fait pour durer le reste de la vie dans un cas et pas dans l'autre. Mais c'est une perte sèche pour la société dans les deux cas de figure.

 
 
 

Un actif est payé par son entreprise alors qu'un retraité l'est en général par la sécurité sociale, au niveau du pays donc. Mais pour simplifier les choses l'idéal serait que tout le monde soit mis au même régime pour commencer. Ce faisant l'État devrait se charger de faire au mieux aussi bien pour le travail des jeunes que pour la survie des vieillards avec toutes les cartes en main en répartissant les choses de façon juste et équilibrée. Cela n'aurait rien d'utopique si on était dans une démocratie « parfaite », ce qui en fait n'est pas plus le cas en France qu'en d'autres pays apparemment en pointe sur le sujet.

 
 
 

En fait si le paiement des retraites et des frais de maladie sont des problèmes aussi difficiles à résoudre à présent c'est parce qu'on ne s'en tient qu'au cadre étroit des cotisations ouvrières et patronales qui vont forcément en diminuant avec des travailleurs de moins en moins nombreux. Mais si on se plaçait à un niveau national on serait quand même davantage dans la réalité des choses en considérant la richesse du pays dans son ensemble et de la façon dont elle est répartie dans les différents domaines.

 
 
 

Dans un pays pauvre tout le monde vit mal, les vieux comme les autres, et les éventuels principes sociaux aussi généreux soient-ils n'y peuvent rien changer parce qu'avant de distribuer de l'argent encore faudrait-il en avoir. C'est le cas surtout là où des enfants travaillent alors que ce qui compte ce serait plutôt le savoir-faire d'adultes expérimentés et plus forts à la fois. La première cause du sous-développement est l'ignorance des travailleurs.

 
 
 

Par contre il y a des pays où on trouve bien l'argent pour dépenser même si ce n'est pas rentable comme dans l'armement mais pas seulement. En cherchant un peu il y a des dépenses pharamineuses aux dépens desquelles on pourrait donner aux retraités de quoi vivre décemment. Ce ne serait qu'une question de volonté finalement.

 
 
 

Pour l'instant les solutions suggérées sont d'augmenter les annuités pour avoir une pension pleine et d'en élever l'âge légal. Mais en sachant qu'il n'y a pas de travail pour tout le monde de telles mesures n'ont pour but en fait que d'avoir globalement moins à donner aux retraités un point c'est tout. Car beaucoup de gens seront de toutes manières incapables de satisfaire aux exigences qui leur permettraient d'avoir une pension à taux plein. Et ceci est valable surtout s'ils n'ont trouvé du travail que tard dans leur jeunesse du fait de la difficulté pour s'en procurer à présent quand on n'en n'a jamais eu.

 
 
 
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