LES RÈGLES DE VERTU ET LA MORALE DANS LES RELIGIONS
 
 
 

Le vœu de chasteté des prêtres est une spécificité de la religion catholique. La motivation profonde en est que le fait d'être « pasteur » des âmes et serviteur de Dieu doit l'emporter sur tout, ce qui empêche par conséquent d'être chef de famille parce que normalement on doit y donner la préférence à sa femme et à ses enfants. Il y a donc conflit de priorités entre le fait d'être « père » spirituel et du point de vue génétique. Et c'est pour ça qu'un curé s'interdit par principe de faire des enfants à une femme.

 
 
 

Mais ce qu'il faudrait quand même bien voir c'est que lorsque cette règle a été posée c'était à une époque où l'abstinence était la seule solution possible d'un simple point de vue technique. Or un tel sacrifice paraissait déjà passablement coûteux autrefois puisqu'on vit même des papes se faire des enfants. D'ailleurs c'est une exigence à laquelle se refusent les ministres du culte de pratiquement toutes les autres religions.

 
 
 

Aujourd'hui c'est vu un peu comme un archaïsme dépassé par certains prêtres qui se prennent une femme. Et malheureusement d'autres vont même jusqu'à succomber à la pédophilie, ce qui est quand même autrement plus fautif. Dans cette ambiance de facilité qui est le propre de notre époque il y a une médaille dont le revers est la frustration, de plus en plus mal supportée pour quelqu'un devant se dispenser de l'acte sexuel alors que c'est parfaitement naturel.

 
 
 

Et donc pour ne pas procréer, si le principe en est tout autant valable, puisqu'il existe un moyen de se l'éviter par la contraception on ne voit pas pourquoi un prêtre qui est un homme comme un autre après tout n'en bénéficierait pas. En fait il devrait pouvoir se satisfaire sexuellement avec une femme, voire même en utilisant des ersatz tels que masturbation ou homosexualité, pratiques sur lesquelles il parait de bon ton de jeter l'opprobre même si elles ne portent pas préjudice à quiconque. On peut même être poursuivi et risquer sa vie pour cela dans certains pays d'ailleurs. Mais un tel rejet n'est justifié que parce qu'on en ressent l'aspect peu ragoûtant et soi-disant contre nature.

 
 
 

Évidemment pour des ministres du culte cela pourrait être vu comme un pas en arrière d'un point de vue moral. Mais ce serait tout de même préférable que de voir des gens se plaindre d'avoir été sexuellement abusés durant leur jeunesse par des prêtres pédophiles, de plus en plus nombreux au vu de l'actualité dans les pays anglo-saxons surtout.

 
 
 

Actuellement ceux qui font autorité en matière de religion ne cessent de se dire « contre » des pratiques telles que la masturbation, l'homosexualité, etc. Mais nul ne dit quelle aura été sa façon personnelle pour arriver à dominer de telles tendances fâcheuses et d'en résoudre le problème dans sa propre jeunesse, ce qu'il serait quand même plus intéressant de savoir.

 
 
 

Mais tout ceci est du domaine de la vertu, quelque chose que l'Islam privilégie davantage que le catholicisme. Or ce n'est pas aussi important que la charité, l'amour du prochain et l'évolution des mentalités. Et puis la vertu n'a de vraie valeur qu'en ayant été librement choisie. Ce qui n'est pas tout à fait le cas par exemple de femmes se disant « respectables » parce qu'elles ont été excisées dans leur enfance selon les traditions et sans qu'on leur ait demandé leur avis.

 
 
 

Il est vrai que contrairement à l'Islam le catholicisme semble actuellement en perte de vitesse après la prospérité qu'il avait connu au Moyen Âge en Europe. C'était une époque où il se construisait beaucoup de cathédrales en hissant les pierres avec des cordes et des poulies la foi chevillée au corps. Les gens d'alors étaient persuadés par les autorités religieuses qu'en travaillant ainsi ils iraient au paradis. Mais c'était un peu exploiter leur naïveté il faut bien le dire.

 
 
 

Qui plus est l'Église et l'État s'associaient largement en ces temps-là. Mais au tout début la chrétienté était en marge de l'autorité dans l'empire romain et se trouvait en butte aux persécutions. Pourtant elle progressait bien du fait d'un prosélytisme très efficace même si c'était en ramant à contre-courant. Et cela aura duré trois siècles jusqu'à la conversion de l'empereur Constantin.

 
 
 

C'est alors qu'elle aura connu son âge d'or bien avant les schismes orthodoxes, protestants et anglicans. Néanmoins à partir du moment où elle était devenue religion officielle dans l'empire romain les choses se sont un peu dévoyées, ce qui était interdit auparavant devenant obligatoire du jour au lendemain, la foi chrétienne s'imposant alors moins par pur prosélytisme que par force de loi.

 
 
 

Et l'Islam naissant au septième siècle aura pris tout de suite ce pli. Il ne s'est développé au début que par des conquêtes militaires et se maintient après par la théocratie, un gouvernement où l'autorité est vue comme venant de Dieu et appliquée par ses ministres. Ce genre de régime est toujours en vigueur dans certains pays d'ailleurs. L'Église et l'État s'y confondent, la foi musulmane est obligatoire et le fait de lui appartenir est irréversible, la quitter étant puni de mort. Les choses ont un peu changé aujourd'hui dans la mesure où l'Islam ne peut plus s'imposer à la pointe de l'épée comme autrefois.

 
 
 

Sa particularité est de donner beaucoup d'importance à ce qui apparaît comme des détails matériels. Par exemple le cochon est considéré comme impur et ne doit pas être consommé, contrairement au mouton. Mais voilà des règles dont on peut supposer qu'elles furent données d'après le comportement de chaque animal : l'un renifle en cherchant sa nourriture alors que l'autre a une attitude de victime consentante. Par ailleurs d'exiger de ne pas manger entre le lever et le coucher du soleil pour le ramadan c'est inapplicable au-delà du cercle polaire en été car les journées y durent six mois et cela conduirait à devoir mourir de faim. Quant au pèlerinage à La Mecque les musulmans ayant les moyens de le faire ne sont encore qu'une minorité.

 
 
 

En fait le plus ennuyeux c'est cette situation d'infériorité et de dépendance des femmes vis-à-vis des hommes, en particulier avec la polygamie où ces derniers disposent de plus d'une partenaire sans qu'il y ait la moindre réciprocité. Et en France même se pose parfois le problème du « voile islamique » amenant à se poser la question de savoir pourquoi y est attachée autant d'importance. Car si relation avec Dieu il devait y avoir ce ne peut être que dans le cœur de chacun et non en fonction de ce qu'on porte sur la tête, qu'il s'agisse des musulmanes avec le voile, des juifs avec la kippa ou des sikhs avec le turban entre autre.

 
 
 

Et qu'un tremblement de terre en Algérie soit considéré par des imams comme une manifestation de la « colère divine » à cause de la tenue des femmes c'est vraiment profiter de la crédulité des gens. Car sur une plage naturiste située de l'autre côté de la Méditerranée des individus des deux sexes se côtoient dans le plus simple appareil au pied d'une falaise instable qui ne s'écroulera même pas quand ils sont dessous. Tout cela dénote une différence dans les mentalités qui conduit à des prises de position excessives, comme d'agresser un gynécologue lors d'un accouchement par le mari qui ne veut pas qu'on touche à sa femme.

 
 
 

La religion chrétienne n'est pas aussi draconienne sur ces problèmes de tenues vestimentaires ou de comportement dans telle ou telle circonstance. Mais il y a quand même une forme de « théocratie larvée » qui ne dit pas son nom de par l'influence qu'elle peut avoir sur certains de nos dirigeants. C'est le cas pour le Président des États-Unis prêtant serment sur la Bible. Ou quand on envisage le principe d'une « base chrétienne » dans la constitution européenne.

 
 
 

En France est privilégiée la laïcité dont le trait caractéristique est la séparation de l'Église et de l'État, l'idée fondamentale étant qu'on ne doit pas légiférer sur des bases aussi subjectives que ce que décrète une religion, pouvoirs matériels et spirituels devant s'exercer indépendamment l'un de l'autre. Sont autorisées toutes les religions mais aucune ne soit s'imposer. L'idéal serait que toutes les formes de théocratie soient proscrites absolument partout dans le monde.

 
 
 

Chez nous on vit dans un contexte d'athéisme de façade et de laïcité ambiante ce qui se sent par le fait qu'on ne parle pratiquement jamais du religieux autre part que dans un lieu de culte. Mais les gens ont quand même de la moralité en dépit de la perte de certaines valeurs. Globalement les mentalités ont évoluées dans le bon sens en sous-produit de notre culture judéo-chrétienne.

 
 
 

D'un strict point de vue chrétien l'important pour le salut de l'âme c'est de faire le bien, pas seulement de se dire « croyant ». Traditionnellement les religions ont tendance à privilégier une certaine forme de honte pour l'homme vis-à-vis de Dieu, ce qui ne se justifie pas fondamentalement. Et c'est peut-être une des raisons pour lesquelles des gens les refoulent à présent, leur faisant perdre du même coup ce qu'elles peuvent encore avoir de bienfaisant pour l'humanité.

 
 
 
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