L'HABILLAGE POUR LE BIEN-ÊTRE ET L'APPARENCE
 
 
 

Le fait de ne pas laisser son propre corps de façon permanente à l'état naturel différencie foncièrement l'homme de l'animal qui ne ressent pas l'envie de faire quoi que ce soit sur son propre physique toute sa vie durant parce que ce n'est qu'une « machine biologique » mue par l'instinct. Par contre l'homme avec son âme qui lui donne la conscience des choses n'est jamais satisfait de son sort.

 
 
 

Et cela se manifeste tout d'abord au niveau de son organisme qu'il couvre ou retouche parce qu'il ne lui convient pas de le laisser en l'état. Cela se voit aussi bien dans nos sociétés civilisées que chez les plus primitifs qui portent toujours quelque chose sur eux-mêmes où y incluent divers objets (os, bouts de bois ou de métal, etc.) même quand ils vivent quasiment nus.

 
 
 

À première vue le vêtement n'est considéré que comme élément de confort par rapport aux fluctuations de la température ambiante. Mais en réalité c'est pour la bienséance essentiellement dans une société où il convient de recouvrir une partie de son corps en public pour le moins quel que soit le climat. Et cela varie d'un endroit à l'autre. Il y en a où les femmes doivent se cacher entièrement et ne même pas laisser voir leur visage. Mais en général ce qu'on occulte ce sont les parties du corps qui correspondent aux orifices servant à faire ses besoins. En plus les femmes se recouvrent aussi les seins en les soutenant par la même occasion dans nos sociétés modernes où le confort s'associe alors à la décence.

 
 
 

Du coup le vêtement contribue également à la différenciation entre les sexes. À cela s'ajoute la volonté de se donner une apparence jugée meilleure à l'aide de colliers, bracelets, boucles d'oreilles, etc. Tatouages et chirurgie esthétique ont la même motivation en rajoutant quelque chose à ce qu'a donné la nature mais eux par contre ont un caractère définitif. C'est là d'ailleurs qu'on perçoit bien la différence d'avec l'animal d'un point de vue fondamental dans la mesure où ces retouches n'ont aucune utilité concrètement parlant. Il n'y a véritablement que l'homme pour gaspiller son énergie de cette façon.

 
 
 

Ceci dit il est parfois plaisant de pouvoir se mettre nu en public en des lieux où cela n'est pas choquant. Il est vrai que lorsque des gens de sexes différents se côtoient ainsi les hommes doivent s'imposer une certaine retenue vis-à-vis des femmes. Mais cette contrainte se compense largement par l'ambiance idyllique qui règne dans un tel contexte dans la mesure où ces dernières ne manifestent pas d'appréhension.

 
 
 

En France ce cas de figure particulier n'est possible que sur des plages et dans des centres réservés au naturisme, pratique qui compte plus d'adeptes au nord de l'Europe qu'au sud. Et aux États-Unis cela s'équivaudrait en nombre avec les Pays-Bas qui sont pourtant nettement moins peuplés.

 
 
 

De ne plus devoir cacher les parties les plus intimes de son anatomie a quelque chose d'euphorisant et de jouissif. Et lorsque le vêtement n'est plus obligatoire le langage devient du même coup superflu parce qu'on ne ressent pas le besoin de chercher à améliorer par quel qu'« outil » que ce soit, y compris celui de la communication, une situation déjà très agréable par le fait. On se contente de contempler l'œuvre de la nature dans ce qu'elle a de « parfaite », appliquée au corps humain en l'occurrence.

 
 
 

Ce fut à partir des années soixante-dix qu'on se sera de plus en plus déshabillé complètement au bord de la mer un peu partout aux endroits les plus sauvages en France métropolitaine, sur les côtes de l'Aquitaine surtout, en conséquence de l'évolution des mentalités à l'époque. Mais trente ou quarante ans plus tard cette « mode » si l'on peut dire est retombée. Le parfum de la nouveauté s'est évaporé en ce début de vingt-et-unième siècle où on assiste malheureusement au retour d'un certain puritanisme de tradition.

 
 
 

Le vêtement a d'abord était vu comme une mesure de protection en particulier du froid. Mais le mieux pour y résister serait peut-être de commencer par faire fonctionner la thermorégulation dès le plus jeune âge en n'habillant ses petits que du strict nécessaire en fonction du climat au lieu de les engoncer, d'autant plus qu'il leur faudra apprendre aussi à se déshabiller vite aux endroits voulus pour ne pas se salir en faisant ses besoins. Par ailleurs sachant que la position accroupie est la plus naturelle chez l'homme pour évacuer ses excréments, on ne devrait réserver qu'aux adultes d'un certain âge le confort d'être assis pour cela. C'est comme de faire réchauffer ses aliments, spécificité de l'être humain pour son bien-être.

 
 
 

Tout ceci s'appliquant dès la tendre enfance contribue à sa fragilité et fait qu'à l'âge adulte il lui faudra se soigner pour une multitude de choses. L'organisme devrait fonctionner dans les conditions les plus rudes au début de l'existence, n'en venant aux palliatifs de confort éventuellement qu'en étant plus âgé et si c'est vraiment nécessaire. S'il n'y a que des individus en bonne santé parmi les bêtes sauvages c'est parce qu'à la moindre faiblesse un prédateur ne tarde pas à éliminer celui qui défaille. Or c'est une chose que l'homme n'a pas à craindre pratiquement, ses efforts de bien-être le faisant vivre plus vieux qu'il ne serait naturellement possible dans les mêmes conditions.

 
 
 

En fait, se payant même le luxe d'entretenir des handicapés, il fausse le jeu de la sélection naturelle du fait des progrès en matière d'hygiène et de médecine, lesquels s'appliquent d'abord aux leaders de la société. Voyageant en province en 1920 en tant que chef d'État Paul Deschanel tomba malencontreusement de son wagon-lit. Il se présenta alors à une garde-barrière en lui disant : « Je suis le Président de la République ! » Elle et son mari le crurent, lui donnant même leur lit pour qu'il puisse finir de dormir. Et aux gens venus le récupérer qui leur demandaient en quoi ils furent portés à le croire elle répondit : « On a tout de suite pensé que c'était un « Monsieur » parce qu'il avait les pieds propres !... »

 
 
 

Ce qui ne devait pas être le cas de Lulli, musicien attitré de Louis XIV pourtant, qui mourut de la gangrène partie de l'orteil qu'il s'était maladroitement blessé par un bâton lui servant pour ses répétitions. Mais c'était à une époque où les gens de la haute société pensaient plus à se poudrer la perruque qu'à se laver les pieds et à se soigner, les docteurs d'alors étant des charlatans. Et pour les autres ce ne pouvait être que pire puisqu'on faisait autant d'enfants en France avec vingt millions d'habitants qu'en l'an 2000 avec soixante, mais sans qu'il y ait d'explosion démographique du fait de la forte mortalité, infantile surtout.

 
 
 

C'est au dix-neuvième siècle que ça a changé avec la découverte des microbes et le savoir-faire pour s'en défendre. Mais il suffira que ce soit à un niveau très élémentaire pour que la mortalité diminue notablement même chez les gens de conditions les plus modestes, ce qui entraînera du même coup l'accroissement démographique en Europe d'abord jusqu'au milieu du vingtième siècle et dans le reste du monde ensuite comme on le voit à présent.

 
 
 
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